lundi 2 avril 2007

Le sens de mon engagement


« Mon engagement est simple en soi. Je souhaite le bonheur et la quiétude de toutes et tous, que ce soit en France, en Europe et dans le Monde.
Le bonheur est lui-même simple à définir : un toit, de quoi se nourrir, un emploi, des enfants épanouis et assurés d’avoir un avenir, la santé et de quoi avoir une vie sociale enrichissante (culture, sports…).
Cette « candide » définition du bonheur est à mon sens universellement partagée ; le tout, maintenant, est de définir les modalités pour que tous et toutes y parviennent.
Bien-sûr, tous les pays n’ont pas les mêmes richesses, bien-sûr tous les citoyens n’ont pas les mêmes revenus, n’appartiennent pas à un seul niveau de classe sociale et n’ont pas le même parcours de vie. Ne dit-on pas « il faut de tout pour faire un Monde » ?
Pourtant, malgré et au-delà de ces différences de parcours de vie, nous devrions tous pouvoir accéder au bonheur. Nul ne devrait en être exclu !
Nous, en France , devrions être assurés d’avoir le minimum vital puisque la France occupe le 5ème rang des Puissances mondiales.
Parce que je suis convaincue de l’exigence d’une meilleure répartition des richesses et des efforts à consentir pour la construction de notre société,
Parce que je suis persuadée que seule la combinaison de la solidarité et de la responsabilisation de tous et toutes équilibrera les rapports sociaux ,
Parce que je suis certaine que le « vivre ensemble » dans le respect de tous est possible,
Je suis socialiste.

Je suis socialiste parce que je veux que tous les citoyens aient un emploi et qu’ils soient respectés et rémunérés justement.
Je suis socialiste parce que je veux soutenir les entreprises qui prennent en compte l’aspect humain en respectant le Droit du travail, en réinvestissant dans l’activité pour créer de nouveaux emplois.
Je suis socialiste parce que je veux donner une chance, un avenir aux Jeunes sans exclure les Seniors, parce que tout citoyen doit trouver sa place.
Je suis socialiste parce que je n’oublie pas que notre solidarité doit également se porter vers les populations défavorisées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières.
Je suis socialiste parce que je sais l’atout que peuvent représenter des relations internationales saines, malgré la complexité du monde actuel , et que je souhaite voir émerger des projets de co-développement durables établis en collaboration avec les populations directement concernées et non par des personnes méconnaissant la dureté de leur quotidien.
Pour assurer notre quiétude, nous devons intervenir avec pertinence dans les relations internationales pour les pacifier, défendre les Droits Fondamentaux lorsqu’ils sont mis en danger ou bafoués, et multiplier les partenariats avec les nouveaux Etats émergents.
Je suis socialiste et écologiste : nous pouvons encore inverser la détérioration de notre patrimoine naturel, pour cela il nous faudra rapidement changer nos pratiques et investir dans la recherche de nouveaux matériaux inoffensifs pour notre Planète.
Nous avons les moyens d’être tous heureux et en paix, à nous de le faire ! Maintenant !

Présidentielle. Projets au quotidien : l'emploi des seniors

«Passé 50 ans, les gens sont marginalisés»

Malgré des mesures incitatives, le travail des plus âgés ne décolle pas. Danièle Karniewicz, syndicaliste, explique pourquoi.

Par François WENZ-DUMAS
LIBERATION : lundi 2 avril 2007


Danièle Karniewicz préside la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), où elle siège au titre de la Confédération générale de l'encadrement et des cadres (CFE-CGC).

François Fillon, avec la réforme des retraites de 2003, a voulu faire de l'emploi des seniors une priorité. L'effet des mesures incitatives commence-t-il à se faire sentir?
Non. En tout cas, il est pour l'instant très limité. Il est vrai que ces mesures commencent tout juste à être connues. C'est le cas de la retraite progressive. Peu de gens savent que les salariés qui ont, par exemple, 150 trimestres de cotisation peuvent à 60 ans demander une liquidation d'une partie de leur retraite tout en continuant à travailler à temps partiel, ce qui leur permet de continuer à cotiser jusqu'à ce qu'ils aient les 160 trimestres leur permettant de bénéficier d'une pension à taux plein.
Cette possibilité n'est ouverte que depuis le 1er juillet 2006. Elle reste encore peu connue. Autre mesure incitative: la surcote, qui permet aux salariés qui ont atteint les 160 trimestres d'améliorer de 3% ou 4% par an le montant de leur retraite s'ils continuent à travailler après 60 ans. Il y a enfin le cumul emploi-retraites aujourd'hui largement ouvert, même s'il touche surtout les polypensionnés, ceux qui ont cotisé à différentes caisses et qui compensent souvent la faiblesse de leur retraite en continuant à travailler. Ces nouveaux dispositifs restent encore peu connus, ce qui explique par exemple qu'en trois ans, il y ait eut seulement 64 119 personnes qui aient demandé à bénéficier de la surcote pour prolongation de carrière.
Pourquoi les mentalités changent-elles aussi lentement?
Passé 50 ans, les gens sont marginalisés dans les entreprises. Les employeurs ne font rien pour les garder, et il faut bien reconnaître que les syndicalistes que nous sommes continuent à préférer négocier le départ anticipé des salariés les plus âgés plutôt que des licenciements. Le plus grave est que les salariés eux-mêmes n'ont qu'une envie: quitter l'entreprise. Nous avons mené une étude à la Cnav auprès de gens proches de la retraite, pour tester des mesures qui les inciteraient à rester: bonifications, aménagement d'horaires, même une augmentation de 25% de leur salaire. Résultat: cela ne change rien. Les gens partent en retraite dès qu'ils peuvent quitter l'entreprise.
Comment s'explique ce choix de partir le plus vite possible à la retraite?
On a créé un climat d'inquiétude autour de la retraite. Les gens craignent qu'en 2008, ou en 2012, les conditions de départ soient encore aggravées. Les banques et les assureurs privés jouent sur le registre de la peur pour les forcer à acheter des produits d'épargne. Quant aux politiques, ils rivalisent d'irresponsabilité. Entre ceux qui défendent la retraite par capitalisation et ceux qui veulent revenir à 37 ans et demi de cotisation, c'est à celui qui poussera le plus les gens à partir en retraite au plus vite. Résultat: ceux qui décident de prolonger leur activité professionnelle ne le font pas par choix mais par nécessité. Les femmes par exemple, parce qu'elles ont des carrières souvent incomplètes. Une femme sur deux n'a que le minimum contributif au moment de la liquidation de sa pension. Sans oublier les couples séparés au moment du départ en retraite, ou des gens remariés qui ont encore des enfants d'âge scolaire, ce qui les pousse à prolonger leur activité. On aura vraiment réussi à encourager le travail des seniors quand ils se sentiront à leur place dans l'entreprise et qu'ils prolongeront leur carrière par choix, et non par nécessité.

Des stages de citoyenneté pour rappeler les "valeurs républicaines de tolérance"



LE MONDE 31.03.07 14h01 • Mis à jour le 31.03.07 14h01
Cela débute par un jeu. Dix hommes et une femme condamnés par la justice effectuent un stage de citoyenneté à Bobigny (Seine-Saint-Denis). De la baie vitrée d'une salle prêtée par le conseil général du département, ils voient la surface tentaculaire du tribunal de Bobigny, qui vient de leur trouver un nouveau "collègue" : l'animateur de télévision Jean-Luc Delarue condamné, lui aussi, à un stage de citoyenneté.
Créée en 2004, cette sanction pénale qui ne peut excéder un mois doit rappeler au condamné les "valeurs républicaines de tolérance et de respect de la dignité de la personne humaine et lui faire prendre conscience de sa responsabilité pénale et civile ainsi que des devoirs qu'implique la vie en société". La session de trois jours organisée à Bobigny est prise en charge par le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP). Les "stagiaires" ont de 19 à 56 ans. Certains ont connu la prison, d'autres collectionnent les gardes à vue, d'autres encore n'avaient guère eu affaire à la justice, jusqu'à présent.
Ils se mêlent à une juge d'application des peines, aux organisateurs du stage, et aux membres du SPIP qui les prennent en charge. Le jeu s'appelle la bombe. Chaque stagiaire choisit deux participants : le premier est la bombe, le deuxième la cible. Leur mission consiste à s'interposer entre les deux. Bernard, 26 ans (les prénoms ont été changés) a décidé de protéger Sania, la juge est choisie comme bombe. Il réussit sa mission. "Dans la vie, ce ne serait pas possible."
Autre jeu : un espace symbolique composé d'une table et de six chaises. L'une est posée sur la table, deux sont installées devant, deux derrière et la dernière au fond de la salle, dans un coin. Les participants doivent rejoindre la place qu'ils pensent occuper, celles qu'ils veulent atteindre, l'endroit où ils ne veulent surtout pas être. Personne ne se hisse sur la chaise placée sur la table. "Là, c'est les gens qui sont riches, les juges et tout et tout", explique Boubacar, 19 ans. Mais la place qu'ils ne veulent surtout pas, c'est celle du fond : l'exclusion.
L'objectif de ces stages de citoyenneté est de les faire rentrer dans le cercle, de se confronter aux institutions, de réfléchir aux actes qu'ils ont commis. Avec l'association Théâtre en mouvement, ils rejouent la scène qui les a conduits ici, en se mettant à la place de la personne qu'ils ont agressée. Mais il leur est difficile de remettre en question la violence. "Dans les quartiers, les situations sont tellement chaudes, vaut mieux frapper le premier", affirme Robert, 36 ans. "Faut toujours frapper le premier", insiste Boubacar.
Eduardo Valenzuela, le sociologue qui anime ces stages dans le cadre de son association Dialogues citoyens, intervient pour remettre les pendules à l'heure. "Il s'agit de faits graves. Les condamnations restent dans le casier judiciaire. C'est le cas des stages de citoyenneté. Quand les juges voient qu'ils en ont suivi un, la deuxième fois, ils sont moins cléments."
Le lieutenant P. ne cache pas qu'il est policier : cheveux en brosse, uniforme, revolver à la hanche. Il a trente ans d'expérience, le dialogue est tendu. "Pourquoi y a-t-il de plus en plus de violences policières et d'interpellations musclées ?", attaque l'un des stagiaires, Robert. "Le comportement des gens a changé, répond le policier. Je veux vous interpeller mais vous ne voulez pas vous laisser faire. On se bat. J'essaie de vous sécher, mais je ne dois pas vous blesser. C'est pour ça que quatre ou cinq policiers interviennent. Mais le passant qui voit ça, il dit que des policiers tabassent des jeunes et prennent fait et cause pour celui qui a transigé avec la loi. Si vous estimez qu'une intervention s'est mal passée, vous pouvez porter plainte." "On ne sait pas qu'on peut porter plainte", rétorque Ahmed, 26 ans. "Il y a de plus en plus de plaintes à l'inspection générale des services. Et quand le policier est interrogé, il est du mauvais côté de la machine à écrire", répond le policier.
Les stagiaires critiquent les "Rambos avec leur flashballs," que les policiers utilisent comme des "jouets". Le lieutenant explique que ces armes sont nécessaires quand il faut intervenir face à des bandes. "Il y a quinze ans, intervient Robert, il y avait plus de dialogue avec les policiers. C'est vrai que la délinquance a augmenté. Mais pourquoi, dans le 93, on a les jeunes profs et les jeunes policiers sans expérience ?"
Les onze stagiaires sont restés trois jours enfermés à parler, à écouter, à s'écouter, ce qui ne fait pas nécessairement partie de leurs habitudes. Certains n'ont pas beaucoup parlé, mais tous étaient attentifs, conscients de ce qu'ils avaient fait. D'autres ont crié jusqu'au bout leur révolte devant une "justice à deux vitesses", même s'ils découvrent, étonnés, que les juges et les policiers sont des gens comme tout le monde. "Ma copine m'a dit que je n'arrêtais pas de parler du stage, le soir, remarque Bernard. Ça m'a fait beaucoup réfléchir."

Alain Salles
Article paru dans l'édition du 01.04.07